SCARLEAN - L'interview

Le 22/03/2020

Après “Ghost”, Scarlean a retrouvé le chemin de nos platines depuis fin 2019 avec “Soulmates”.
Tout aussi racé et élégant, ce nouvel album nous semble un poil supérieur à un aîné déjà très bon.
Scralean a bien voulu répondre à nos questions. C’était avant le début de cette drôle de période, une interview d'avant le temps du confinement. Et c'est l'une des manières de s'en évader.

SCARLEAN par Sophie Grange.
         

 

Bonjour Scarlean. Je propose d'abord un petit retour en arrière. Premier album acheté ?
Alex (chant):
Alors moi c’est je crois Ride The Lightning de Metallica ou A Real Live One de Iron Maiden. Mes premiers amours Metal en quelque sorte.
Michel (guitare) : Ride the Lighting de Metallica aussi ! Une référence, et Kill’em all juste derrière.
Fabien (batterie) : Killers d’Iron Maiden.
Olivier (basse) : And justice for all de Metallica
Geo (guitare) : AC/DC,  Ballbreaker

Premier concert ?
Alex :
Ça remonte, c’était un concert local avec Nefast un groupe de Trash, Tooz Again plus rock metal et un groupe punk de mon bled Les Brakmorts ! Je devais avoir treize ans. Ils ont clairement été des grosses influences dans le sens où je me disais : Moi aussi je veux faire ça quand je serais grand !
Fabien : Un tremplin rock en 1992…. J’avais 12 ans
Olivier : BB king
Geo : un concert de punk au passager du zink avec Skaltimbanque et Acotest à l'âge de douze ans.
Michel : C’était Metallica au Dome à Marseille.

 

Qu'est-ce qui vous a amené sur les chemins de la musique ?
Alex :
Pour moi ça a été surtout l’apprentissage de la guitare. J’ai rapidement appris les standards du rock qui foisonnaient sur les bouquins de tablatures qu’on trouvait dans la presse dans le genre de Guitar Part… Dans ces standards il y avait du Metallica, du Maiden, du Black Sabbath, du Guns N Roses… Je suis tombé dedans comme ça, en creusant très jeune dans la médiathèque de mon quartier.
Fabien : En priorité l’influence familiale. Étant le dernier d’une fratrie de quatre (mon aînée a quatorze ans de plus) j’écoutais déjà Alan Parson Project / Pink Floyd / Dire straits, etc, lorsque j’avais quatre ans.
Olivier : Aucun parent musicien mais la maison familiale était rythmée par la musique, je devais avoir six ans quand un voisin m'a montré comment tenir une guitare. Quelques années à jouer sur des instruments rafistolés, aux cordes manquantes, et même sur des jouets m'ont valu une inscription au conservatoire pour mes onze ans. Après une enfance de guitare classique (sur un instrument déboité), encouragé par une liberté stupéfiante, j'ai eu la chance de rencontrer beaucoup de musiciens et de pratiquer la guitare, la basse mais aussi la batterie dans des groupes de rock, metal, soul, funk, hip hop... Influencé par Billy Sheehan, Les Claypool, John Myung, Henrik Linder, Victor Wooten... La basse s'est naturellement placée comme un instrument de curiosité et d'exploration.
Geo : J’ai toujours été attiré par la guitare, dès l'âge de quatre ans, influencé par ma famille essentiellement. Des soirées privées passées avec les Gipsy Kings, rien à voir avec le rock mais j’en retiens encore d’agréables souvenirs. Je suis rentré dans le rock grâce mon professeur de guitare, un ami, mon papa de guitare Pascal Beaujé (RIP), c’était un ultra fan de Deftones.
Michel : Mon groupe d’amis faisait de la musique et j’ai naturellement suivi pour qu’on partage ça ensemble. Cela maintenant vingt-sept ans que ça dure !

SCARLEAN par Mr Cana Photography.
Sorti fin novembre 2019, "Soulmates" est votre deuxième bébé. Accouchement dans la douleur ou dans la joie ?
Alex :
Pure joie, car nous avions là un nouveau line-up qui fonctionnait vraiment bien. Nous avons appris à nous connaitre en arrangeant cet album. Un vrai moment d’échange musical avec un but commun. On s’est pas mal marrés, et on ne s’est pas pris la tête. On a essayé des tas de choses et on est prêts à agrandir la famille ! Après,  un album c’est du travail, du temps, de la fatigue, mais quand on sait où on va on le fait avec bonheur et dévotion.
Fabien : La joie. On a passé une période de six mois à bosser dessus, à boire de la bière et à rigoler tout en restant dans un contexte où la musique était reine, avec pour objectif de faire de “Soulmates” un p****n de bon album qui nous ressemble / rassemble.
Olivier : Me comptant parmi les dernières pièces apportées du groupe, j'ai été accueilli par une équipe très motivée et respectueuse. Le travail de composition mais aussi de maquettage étaient déjà très avancés lorsque j'ai commencé à créer les lignes de basse de “Soulmates”. J'ai pris beaucoup de libertés mais l'esprit était fortement posé. Fabien Giordani nous a offert un confort et un suivi dans son studio. Tout n'est jamais d'une simplicité incommensurable mais “Soulmates” a été joyeux à la création.
Geo : On va dire que quand je me mets à composer, je le fais avec le cœur, chaque sentiment qui traverse mon corps, j’essaye au mieux de les faire retranscrire dans la musique. La musique est l’élément essentiel de ma vie. Donc cela dépend des moments, la joie ou la douleur, qui se partagent et qui nous rassemblent.
Michel : Dans la joie, on a beaucoup partagé et tout a été fluide. Un bon moment de musique.
Je trouve votre musique inclassable. Est-ce qu'on finit par qualifier d’alternatif tout ce qui ne suit pas le troupeau ?
Fabien :
Apparemment…
Olivier : J'ai signé pour faire de la basse alternative.
Alex :
Il semblerait que ça soit compliqué à classer. Entre nous je ne me pose pas trop cette question. Nous on fait de la musique, après qu’elle colle à telle ou telle étiquette ce n’est pas à nous de le définir. Les gens accrochent quand ils écoutent l’album avec une vraie ouverture d’esprit. On a lu des choses parfois, ou les gens attendaient de nous voir rentrer dans la case du prog. Bon, ben non on ne fait pas du prog, on en prend certains éléments mais sans vraiment s’en rendre compte je pense. On ne part pas sur un morceau en se disant : On va faire un morceau dans le style de… On fait comme ça vient et c’est qui fait notre force. Alors Alternatif, si ça convient à tout le monde, ça me va aussi. Nous on fait surtout du SCARLEAN et vous pouvez appeler ça du rock ou du metal Alternatif, après tout ça ne change pas grand-chose !
Geo : Disons qu’on fait du rock, c’est surtout que nous faisons de la musique comme on l’aime, comme on veut et quand on le veut, Scarlean ne se met pas de barrière.
Michel : Comme l’on dit les autres, ce n’est pas un problème. On fait la musique qui nous plait sans se poser ce genre de questions.

 

L'artwork de Soulmates est magnifique. Le "Ghost" est cette fois associé à sa jeune âme soeur, une enfant. C'est à la fois beau et inquiétant, d'autant qu'on ignore tout de ce "Ghost". Est-il maléfique ou bienveillant ? Puis-je en savoir plus sur l'idée et sa réalisation ?
Alex :
Notre « Ghost » n’est ni maléfique, ni bienveillant, il est finalement plus humain qu’on peut le croire. A la manière d’un observateur, il décrit ce qu’il voit sans le juger, il est un mélange de ce qui fait l’homme. La peur, la haine, l’amour, la paix, la guerre, la honte, la joie... Il se superpose à l’Homme, un peu comme dans notre précédent clip : “Forsaken by love”. L’un nourri l’autre et inversement. C’est une manière détourner d’illustrer le lien avec nos émotions. D’un côté l’image de la pureté et de l’autre celle que l’on se fait du mal. Mais bien souvent les apparences sont trompeuses ! Michel a réalisé les photos et moi l’artwork intérieur et la direction artistique.
Le soin que vous apportez à vos productions me semble l'une des marques de fabrique de Scarlean. J'avais repéré ça dès "Ghost". Vos albums sont beaux, musicalement, esthétiquement... C'est-ce une préoccupation ou un naturel qui revient au galop ?
Alex :
Nous venons tous d’univers très différents mais dans le groupe nous sommes nombreux à avoir une formation artistique. Michel est photographe, Olivier graphiste et vidéaste, et je suis Directeur Artistique/Graphiste. Pour ce qui est de l’image c’est effectivement naturel, car pour nous tout est important, l’image est la façade de notre musique et elle doit être complétement liée à celle-ci. A la manière d’un film, si la musique ne sert pas l’image ça ne fonctionne pas (Le générique de Benny Hill sur une séquence dramatique si tu vois ce que je veux dire). Dans notre Booklet et sur la cover il y a pas mal de choses qui font sens, et même des surprises cachées. Personne ne les a encore vues ni notifiées. C’est très drôle car c’est pourtant bien visible ! On n’a pas dit notre dernier mot sur tous ces aspects, qui vont devenir de plus en plus importants.
Fabien : Ayant produit l’ensemble de l’album, l’expérience que nous avons vécue durant les diverses sessions d’enregistrements de “Soulmates” m'a permis de faire de mon mieux durant le mixage pour retranscrire ce que chacun ressentait à l’écoute de chaque titre. Il est vraiment important que l’auditeur puisse ressentir ce que l’on ressent et entend dans nos têtes.

 

Parlons enfin de votre reprise de "Wonderful Life", succès de l'année 1987 du groupe Black. Vous avez invité la grande Anneke Van Giersbergen (The Gathering). J'ai d'abord pensé qu'il était dommage qu'elle ne joue pas sur l'une de vos compositions, puis j'ai vite changé d'avis en écoutant ses lignes de chant. Anneke est sublime ! La fin du titre est époustouflante ! J'aimerais savoir quelles pensées ont traversé l'esprit du premier d'entre vous qui a reçu et écouté les fichiers qui comportaient ses enregistrements...
Alex :
C’est Fabien qui a eu les pistes en premier, moi en second dans la foulée. Je suis fan depuis toujours d’Anneke. Je la suis depuis ses débuts dans The Gathering et Mandylion fait partie de mes albums de chevet. Ce que j’ai ressenti à la première écoute, c’est une immense fierté, ça fait vraiment partie des choses que j’avais dans un coin de ma tête et qui me semblaient inaccessibles. Pour moi c’est donc un rêve qui s’est réalisé, et le résultat et au-dessus de mes espérances.
Fabien : Lorsque j’ai écouté les pistes en solo au studio je n’ai ressenti que cette indéniable pureté que dégage Anneke. Magnifique !
La maquette que vous lui avez envoyée comportait vos lignes de chant ou ont-elles été posées après ?
Alex :
Les lignes de chants étaient posées sur la maquette, mais elle a enregistré sur le morceau final, sans mes voix. Nous lui avons donné un esprit pour la fin du morceau avec une totale liberté et pour le reste quelques détails pour l’intention essentiellement. Nous avions tout intérêt à travailler de cette manière avec elle, elle sait quoi faire, elle l’a toujours su !

 

Que va faire Scarlean dans les prochains mois ?
Alex :
Nous allons travailler sur le prochain album et préparer les concerts à venir. Pas mal de choses se mettent en place, et l’après-album est très prenant. On ne pensait pas avoir autant de bons retours, à vrai dire pour le moment nous n’en avons pas eu un seul négatif ! C’est très motivant, et de belles dates sont bookées pour 2020 et 2021. On sent qu’il y a eu une belle progression depuis GHOST, et tout ce qu’on espérait c’est qu’on la ressente. C’est donc pour le moment une belle réussite et on a hâte de voir où ça va nous mener.

 

Merci Scarlean de m'avoir accordé cette interview.
Scarlean :
Merci à toi pour ton soutien !
 
        
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